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27.11.2023

En bref

Date

27.11.2023

Contact

Lucie Engdahl
Responsable communication

Alexandre Cavin
Secrétaire général

Agriculture et alimentation : regards croisés sur des défis qui ne s’arrêtent pas aux frontières

Difficile d’imaginer ce que des habitant·e·s de la Vallée de l’Ouémé (Bénin) et celles et ceux de la Ville de Nyon (Suisse) pourraient s’enseigner mutuellement sur leurs pratiques agricoles et leurs habitudes alimentaires. Et pourtant, malgré leurs ressources, traditions et climats respectifs, mercredi soir, un constat a été clair : l’agriculture et l’alimentation sont des défis universels, mais surtout des solutions partagées.

Le 22 novembre à Nyon, à la salle du Conseil Communal, la Ville de Nyon et la Fedevaco recevaient des membres d’ONG suisses, des habitant·e·s du district, des représentant·e·s de communes et des députés vaudois, pour assister à un échange entre des expériences du Bénin et de la Suisse. Entrepris à l’occasion des 20 ans de partenariat entre les deux organisatrices, il a permis de croiser des expériences et de partager des pistes utiles au développement durable de l’agriculture et de l’alimentation.

La responsable du secteur agroécologie de l'association DM - membre de la Fedevaco -, Madame Juliane Ineichen, et la cheffe de projets environnement de la Ville de Nyon, Madame Céline Bartolomucci, se sont exprimées sur les défis et solutions de leurs contextes respectifs. Pour la première, au Bénin, l’agroécologie permet de se détacher de l’agriculture intensive, de respecter les écosystèmes, de retrouver des savoir-faire traditionnels et d’apporter des bénéfices sociaux. Pour la seconde, il s’agit de finaliser une stratégie qui vise à couvrir toutes les étapes du système alimentaire - production, transformation et consommation - par le local, tout en répondant aux besoins exprimés par les différents acteurs concernés.

ONG au Bénin et commune vaudoise : quel lien ?

Mais alors comment en sommes-nous arrivés à vouloir réunir ces deux actrices ? Parce que la commune de Nyon s’investit pour la coopération internationale et au développement, avec un souhait particulier d’accompagner des projets du domaine de l’agriculture. Elle soutient l’association DM par l’intermédiaire de la Fedevaco depuis 2 ans, et espère que cet engagement assurera la pérennité de ces projets, comme le souligne Madame Laura Robert, de l’Unité plan climat et durabilité de la Ville de Nyon.

Plus que ce lien de partenariat, des convergences ont émergé lors de la discussion. Les deux intervenantes se sont en effet retrouvées sur les questions de sensibilisation scolaire, de transformation de produits agricoles, de la valorisation du circuit court et de la responsabilité politique. C’est en ça que prend tout le sens des regards croisés : constater des similitudes malgré une distance de 6 000 km, approuver l’efficacité d’actions concrètes et surtout s’inspirer des subtilités et des observations qui en découlent.

Sensibiliser au plus jeune âge : connaitre et respecter son environnement

À Ouémé comme à Nyon, le travail de sensibilisation en milieu scolaire permet de faire connaître aux enfants la valeur de leur environnement. À travers des travaux sur la protection des arbres, des pratiques élémentaires de jardinage ou encore de l’apiculture, les jeunes Nyonnais·es et Béninois·es prennent connaissance et conscience de leur lieu de vie, ainsi que de l’impact qu’ils·elles peuvent avoir sur celui-ci. Juliane Ineichen souligne l’importance d’agir à une petite échelle, celle de l’environnement très proche de l’enfant, non seulement pour la dimension pratique des activités, mais aussi pour que les enseignements acquis puissent être transmis dans leur sphère familiale.

En parlant d’école et de local, les intervenantes ont toutes deux évoqué leur investissement pour des cantines scolaires respectueuses de l’environnement et approvisionnées auprès de producteur·ice·s de proximité.

La transformation favorise la localité : 1 produit, plus de choix

Toutefois, l’application de tels critères ne s’avère pas si évidente en cantines scolaires et autres institutions de restauration. Ayant besoin de produits variés et disponibles, elles ne sont pas toujours en mesure de les acquérir près de chez elles. C’est pourquoi, au Bénin des travaux de transformation de produits agricoles sont entrepris, par exemple en farines ou purées, et qu'à Nyon un projet de légumerie est en réflexion. Cette activité permet de répondre aux demandes de différents acteurs, un point essentiel selon Céline Bartolomucci. La centralisation de produits diversifiés simplifie alors la tâche aux consommateurs, et favorise donc l’achat local.

Le circuit court : réduire les étapes pour augmenter les bénéfices

En d’autres termes, il s’agit pour les deux intervenantes de prioriser, le plus possible, le circuit court. En réduisant les étapes entre le producteur et le consommateur, ce parcours a de nombreux effets bénéfiques. Juliane Ineichen, qui ne travaille qu’avec ce modèle au sein des projets au Bénin, en énumère quelques-uns : il permet de contrôler les prix et les conditions de production, d’agir et de réagir en cas de nécessité, de fixer des emplois sur des zones précises, et d’éviter les migrations forcées par des évènements climatiques et l’insécurité alimentaire.

Se distancer du capital économique ? Une responsabilité politique

Alors que Mesdames Ineichen et Bartolomucci se retrouvent sur les effets positifs de certaines de leurs pratiques, elles s’accordent également pour dire qu’une partie du travail en vue d’un développement durable de l’agriculture et d’une promotion de l’alimentation locale, doit se faire à une échelle politique. Chacune à sa manière, elles collaborent avec les municipalités et les autorités de leur région, en les invitant à observer leurs travaux, écouter les demandes et préoccupations des habitant·e·s et discuter des possibilités d’inscrire plus facilement leurs projets dans des politiques à long terme. En bref, que les autorités facilitent et promeuvent le local.

C’est aussi en cela que les regards croisés se montrent utiles, en permettant à des membres d’ONG, des habitant·e·s, des représentant·e·s de communes et des député·e·s de se rencontrer dans un même temps et même lieu, pour prendre connaissance des expériences et positions des uns et des autres, et en faire émerger quelque chose. Il semblerait que le circuit court en communication soit également à privilégier !

Chiara Counet