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01.06.2023

Justice climatique : réduire et réparer

Communiqué de presse - La réalité du changement climatique va bien au-delà des frontières cantonales. Pour l’ouverture de cette matinée de réflexion autour de la justice climatique, Vassilis Venizelos, conseiller d’État et chef du Département de la jeunesse, de l’environnement et de la sécurité (DJES) a souligné la volonté du Canton d’assumer sa part de responsabilité internationale et rappelé la place centrale du changement climatique dans le programme de législature du Conseil d’État.

Ce jeudi matin 1er juin, la Fédération vaudoise de coopération (Fedevaco) a rassemblé ses partenaires et ses organisations membres autour de la thématique de la justice climatique. L’occasion d’entendre les revendications des organisations de coopération internationale, engagées depuis longtemps en faveur d’une justice climatique ici et dans les pays du Sud Global, et les collectivités publiques vaudoises sur leur responsabilité face à ce défi majeur.

Augmenter les ressources pour soutenir la résilience et l’adaptation

Comme l’a souligné la présidente Anne Roulet, la thématique de la justice climatique est de plus en plus présente dans le milieu de la coopération au développement, car les phénomènes climatiques extrêmes affectent plus durement les populations des pays du Sud Global, alors qu’elles y ont le moins contribué. Les conséquences du dérèglement climatique altèrent des années d’effets positifs des projets menés par les acteurs du développement. La justice climatique apparaît donc comme une réponse à cet état de fait en incitant les pays industrialisés à réduire drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre tout en aidant les populations les plus vulnérables à limiter les conséquences des catastrophes déjà survenues ou à venir.

La Fedevaco soutient donc l’appel urgent de ses organisations membres en faveur d’une justice climatique et porte l’objectif commun de la faîtière, qui est d’augmenter les ressources pour améliorer la résilience et l’adaptation des populations exposées, et de veiller à ce que les fonds de la coopération internationale ne soient pas réalloués mais augmentés.

De plus en plus de procédures judiciaires sont menées au nom de la justice climatique au sens strict. Quatre indonésien·ne·s d’une île menacée par la montée du niveau des océans ont par exemple déposé plainte contre le cimentier Holcim, responsable de 0,5% des émissions mondiales historiques de gaz à effet de serre. Une réduction drastique de leur empreinte carbone, ainsi que des réparations pour les dommages subis et à venir sont demandées[1]. Cette plainte est soutenue et portée à l’attention du public par l’EPER. Comme l’avance la Fondation Hirondelle, les résultats de ces procédures judiciaires sont pour l’instant mitigés, mais ces démarches permettent d’attirer l’attention sur les problématiques environnementales et sur la responsabilité des différents acteurs. En ce sens, le travail d’information et l’écho médiatique liés à ces affaires sont des leviers importants.

(Re)mettre les besoins des populations au centre

Face à l’émergence des projets de compensation carbone prévus dans l’Accord de Paris et sollicités par les entreprises, les particuliers ou les administrations publiques, il est important de rappeler que l’objectif de la justice climatique est de soutenir les populations affectées par les effets du changement climatique dans une logique de réparation. Ces projets doivent donc être élaborés, menés et évalués en partenariat avec les populations concernées en mettant leurs besoins au centre, et être accompagnés de mesures ambitieuses de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les organisations membres de la Fedevaco mènent de tels projets, en partenariat avec les populations locales. Par exemple, Solidar soutient les populations paysannes touchées par la sécheresse et par les effets du changement climatique au Salvador, grâce à la sensibilisation et à la promotion d’une agriculture durable et adaptée.

Quel rôle ont les collectivités publiques vaudoises ?

L’État et les collectivités publiques ont une responsabilité vis-à-vis des populations affectées par le changement climatique. En tant que représentantes de la population, elles doivent montrer l’exemple et s’engager auprès de leurs citoyen·ne·s. Certains pays l’ont fait, à l’instar du Danemark, qui s’est engagé à verser 12 millions de francs aux pays du Sahel pour les dégâts causés par le changement climatique qui affecte particulièrement cette région. La Suisse, et plus particulièrement les collectivités publiques vaudoises, ont l’occasion d’être pionnières sur cette thématique, en prenant des engagements forts.

Au niveau du Canton de Vaud, le Plan Climat vaudois entend assumer sa part de responsabilité internationale et faire preuve de solidarité au sein du canton, mais aussi entre pays et générations. Certaines villes, comme Nyon, réfléchissent à la manière de tenir compte de leur impact hors du territoire communal dans leur stratégie climatique. La Fedevaco soutient et encourage ces démarches, qui témoignent d’une réelle volonté de penser de manière globale et solidaire avec les populations impactées par nos choix de société autour du monde.

Le 18 juin prochain, les électeurs et électrices seront appelé·e·s aux urnes et auront l’occasion d’engager la Suisse vers un premier pas en faveur de la justice climatique. Une occasion à ne pas manquer.


[1] Pour plus d’informations : https://callforclimatejustice.org/fr/