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ÊTRE AU PLUS PROCHE DES BESOINS : LE TRAVAIL D’HELVETAS AU BÉNIN

Le projet d’Helvetas « Oser entreprendre au Bénin » s’adresse aux jeunes de 15 à 29 ans d’une région rurale du département de l’Atacora au Nord-Ouest du pays. Son objectif : diminuer l’exode rural des jeunes en stimulant l’attractivité du secteur agricole. Comment poursuivre un projet d’une telle ampleur humaine à l’ère du Covid-19 ? Ci-dessous, découvrez les vidéos de sensibilisation réalisées par Helvetas Bénin, ainsi qu'un interview de Patrice Batonwero, coordinateur du projet au Bénin.

Vidéos de sensibilisation

Cette vidéo d'adresse particulièrement aux taxis-moto (communément appelés zémidjan) qui sont les premiers moyens de déplacement au Bénin. Un conducteur de taxi-moto est amené dans une journée à transporter entre 20 et 30 personnes, le rendant ainsi particulièrement vulnérable au virus. En faisant une vidéo ciblant les usagers de taxi-moto, Helvetas Bénin les sensibilise à l'adoption des gestes barrières lors de leurs différents déplacements.

Cette vidéo cible un lieu de vie indispensable pour la population: le marché. Le nombre d'interactions y est grand, raison pour laquelle il est important d’attirer l’attention sur les bons gestes à adopter pendant la fréquentation de ce lieu.

Dans le cadre de ses activités, Helvetas Bénin collabore directement avec les mairies, un lieu qui comme d’autres services publics, accueille beaucoup de personnes chaque jour. Cette vidéo sensibilise tant le personnel que les usager·ère·s à l'adoption de gestes barrières. 


Interview de Patrice Batonwero, coordinateur du projet au Bénin

En quoi consiste votre projet, en quelques mots ?

Le projet « Oser entreprendre au Bénin » a débuté en 2018 et vise à promouvoir l’insertion des jeunes dans le secteur agricole. Pour y arriver, nous travaillons sur deux composantes. La première est l’environnement économique. Nous œuvrons avec des communes du département de l’Atacora et d’autres structures publiques et privées à rendre le secteur plus attractif pour les jeunes. Et la seconde est l’amélioration de l’employabilité des jeunes, notamment en renforçant leurs savoir-faire dans la technique, d’entrepreneuriat et de gestion. 

Nous avons tablé sur nos partenaires journalistes pour sensibiliser la population aux changements de comportement.

Quelles ont été les premières mesures lorsque la pandémie s’est déclarée ? 

Rapidement, les coordinateurs d’Helvetas au Bénin ont établi un plan d’action. En plus des fonds alloués à chaque projet, un financement complémentaire a été obtenu de la coopération suisse à travers le projet Résilience-Covid. Les premières mesures visaient à ralentir la propagation du virus, comme la mise à disposition de masques et de points d’eau pour le lavage des mains pour tous nos collaborateurs, partenaires et formateurs. Et pour ce qui est des autres mesures que nous avons coordonnées, nous travaillions déjà avec des journalistes radio dans le cadre du projet, afin qu’ils diffusent des informations et conseils sur l’économie et l’employabilité. Nous avons donc tablé sur ce partenaire pour sensibiliser la population aux changements de comportement. Ces émissions ont été réalisées en collaboration avec la Direction de la Santé Départementale de l’Atacora, qui nous a mis à disposition des médecins pour former les journalistes. Ce fut une étape importante, également pour éviter la désinformation qui peut circuler lors d’une crise comme celle-ci. À côté de ces deux actions, Helvetas a réalisé de courtes vidéos de sensibilisation aux gestes barrières qui ont circulé dans la population. 

Quelles ont été les difficultés rencontrées ?

La plus grande difficulté a été la réticence de la population à croire en la réalité de la maladie. Pour elle, c’est une maladie étrangère, et donc un problème d’appréciation. Pour les gestes barrières, on a mené un certain nombre d’actions de sensibilisation. Des cas positifs au Covid ont été enregistrés, mais avec les sensibilisations le taux est resté faible. Par exemple, dans la région dans laquelle se développe notre projet, seul 1% des habitants auraient contracté le virus. Ce bas taux nous a valu une reconnaissance du directeur du département de la santé ! Il a reconnu que notre travail de sensibilisation a largement aidé à limiter le nombre de cas et donc la propagation du virus. 

L’opportunité qui se profile avec ce nouveau moyen de communication, c’est que nous pourrons toucher encore plus de jeunes.

Et comment avez-vous adapté le projet « de base » ?

Comme tout le monde, nous avons été pris de cours par cette pandémie. Le projet était déjà bien engagé lorsque le gouvernement du Bénin a pris des mesures sanitaires. Étant donné que nos formations se font par regroupements et que nos formateurs allaient sur le terrain, cela a été un vrai défi. Mais une fois le premier choc de crise passé, nous avons intensifié les formations à distance avec l’appui d’internet et du téléphone. C’était un moyen qui était déjà utilisé avant la pandémie, mais nous l’avons renforcé, en créant notamment des forums sur WhatsApp. Cette application est aussi très utile parce qu’elle permet d’envoyer des vidéos et des audios aux personnes qui ne savent pas lire. Toutes les formations que nous diffusons sont en français ainsi qu’en bariba, ditammari, waama, biali, lokpa, yom et en anii.

Quelles sont les opportunités que vous voyez dans ces nouveaux outils ? 

Avec l’intensification de nos formations sur internet, nous avons décidé de signer un accord avec l’Association des Communes de l’Atacora et de la Donga et un opérateur du secteur privé, qui travaille notamment sur les solutions informatiques pour le développement de l’agriculture. L’idée est de mettre en place un dispositif mobile, nommé Agro-mobile, accessible à tout le monde, et ainsi proposer encore davantage de formations en ligne. L’opportunité qui se profile avec ce nouveau moyen de communication, c’est que nous pourrons toucher encore plus de jeunes. Entre-temps, nous avons aussi réalisé des vidéos sur la réussite de certains entrepreneurs, pour encourager d’autres jeunes à se lancer dans l’entrepreneuriat agricole. 

Comment envisagez-vous l’avenir du projet lorsque la pandémie ne sera plus qu’un mauvais souvenir ?

On souhaite vraiment institutionnaliser cette solution d’Agro-mobile. Elle sera un appui substantiel à nos formateurs qui pourront à nouveau se déplacer de localité en localité pour former les jeunes. On envisage également de développer le réseautage via les réseaux sociaux. Ces outils peuvent devenir des amplificateurs pour le coaching et la commercialisation des produits issus des entreprises agricoles des jeunes que nous avons soutenus. 

Selon vous, quelle a été la plus-value d’Helvetas dans cette crise sanitaire ?   

Au-delà des vidéos de sensibilisation et de notre capacité à maintenir les formations grâce au développement des formations en ligne, nous avons mené des actions innovantes de communication. Quand l’État a lancé officiellement un appel aux ONG internationales pour venir en soutien, la plupart se sont concentrées sur les dispositifs de lavage de main et la distribution de gel hydro alcoolique et de masques. Mais à un moment donné, la maladie est devenue un problème communautaire. Et c’est là qu’Helvetas a fait la différence ! On a mené des actions de sensibilisation de proximité. Des jeunes ont été formés par des agents de santé pour aller auprès des ménages apporter l’information et distribuer des dépliants explicatifs, pour, par exemple, leur apprendre comment bien porter le masque. Propos recueillis en janvier 2021.


Ce projet a été cofinancé en 2020 par le Département de l’Innovation et du Sport (DEIS) et la commune de Rolle.