Collaboration public-privé
Le monde de l’entreprise et celui de la coopération au développement ne poursuivent, a priori, pas les mêmes objectifs. Réalisation d’un projet productif de biens ou de services en dégageant des profits pour l’un et, pour l’autre, réduction de la pauvreté et amélioration des conditions de vie des populations du Sud. Il existe pourtant des intérêts partagés qui se concrétisent sur le terrain depuis de nombreuses années déjà.
En effet, ce partenariat prend souvent le modèle suivant. L’entreprise amène des ressources financières ou techniques à l’ONG qui se charge de conduire le projet sur le terrain. Ces ressources supplémentaires l’aideront à atteindre ses objectifs. L’entreprise, quant à elle, en retira des bénéfices en termes d’image et concrétisera par cette démarche ses valeurs et sa responsabilité sociale et environnementale.
La plateforme COEXIST met en lien les ONG et les entreprises
L’incubateur COEXIST, porté par la Cité de la Solidarité Internationale (CSI), accompagne les ONG et les entreprises pour concrétiser leurs partenariats et développer des solutions globales, inclusives, adaptées et pérennes. Il intervient dans les domaines de l’eau, de l’énergie, de la santé et de l’agriculture et l'agronomie, en Afrique Francophone.
Interview avec Marion Fabre, responsable COEXIST - 1er avril 2021
Quelles sont les plus-values de ces partenariats ONG-entreprises pour le développement durable ?
Les partenariats ONG-entreprises s’intègrent parfaitement dans l’ODD 17 « Partenariats pour la réalisation des objectifs du Développement Durable ». L’incubateur COEXIST vise à faciliter des partenariats de type co-construction où la mise en commun des expertises des acteurs permet l’émergence de solutions multi-acteurs globales, pérennes, inclusives, et les plus adaptées au terrain.
À titre d’exemple, l’ONG Pot@maï et l’entreprise Aquaphile ont développé un projet d’accès à l’énergie en République Démocratique du Congo. L’ONG Pot@maï conçoit, installe et développe des infrastructures d'accès à l'énergie renouvelable pour les populations enclavées. Aquaphile est une entreprise entièrement dédiée à l'innovation de produits dans le domaine du nautisme et des énergies renouvelables. Leur collaboration a commencé dans le cadre d’un projet innovant : installer une Unité de Services Essentiels (USE) alimentée par une hydrolienne flottante sur le fleuve Congo. L’ONG a permis une bonne connaissance du contexte local et l’adaptation de la solution aux besoins des populations. L’entreprise a apporté les compétences techniques et l’innovation.
Quels sont les principales difficultés et facteurs de succès lors de la création d’un partenariat ONG-entreprise ?
En 2020, nous avons mené un diagnostic pour comprendre les freins et leviers à la mise en œuvre de partenariats entre les ONG et les Entreprises. Aujourd’hui, les entreprises et les ONG communiquent peu et les stéréotypes sont encore importants. Par ailleurs, les ONG et les entreprises qui souhaitent engager ces dynamiques partenariales, manquent également de méthodologie et d’appui. Enfin, la complexité des financements multi-acteurs et le manque de guichet financier disponible et adapté aux partenariats ONG-entreprises, peuvent également constituer un frein.
Pour répondre à cet enjeu, la CSI a créé cet espace de rencontre et d’échange et travaille à l’élaboration d’un langage commun pour dépasser ces a priori : chaque structure doit être transparente sur ses objectifs, ses intérêts et ses méthodes de travail dès le début du partenariat. Il convient également de garder en tête que ces partenariats peuvent mettre du temps à se développer. Enfin, les structures ont besoin d’appui pour monter en compétences, se rencontrer et bénéficier des retours d’expérience des acteurs qui ont réussi ces démarches.
Quels sont les types d’outils que vous mettez à disposition des ONG souhaitant développer des partenariats avec des entreprises privées ?
Nous nous appuyons sur la communauté COEXIST, qui regroupe plus de 70 acteurs du secteur privé et du secteur associatif qui partagent leurs expériences et expertises, et participent à la conception de l’offre de services.
À ce jour, plusieurs outils sont développés par COEXIST tels que des formations sur les partenariats ONG-entreprises, des évènements et ateliers, une médiathèque, pour s’informer et avoir accès aux outils (diagnostic interne, etc.) et une plateforme de rencontre pour mieux se rencontrer et trouver le bon partenaire sont à disposition des acteurs.
La plateforme travaille avec des acteurs français et suisses, qui bénéficient de notre offre d’accompagnement en trois étapes : la phase de diagnostic, qui permet d’identifier les besoins et les intérêts de l’acteur ; la phase d’inscription, qui permet d’accéder à l’ensemble des outils développés ; et la phase de définition du plan d’action et de suivi, qui donne accès à un accompagnement individuel et personnalisé.
Pour une ONG intéressée, comment s’y prendre pour démarrer un partenariat (éléments-clés du guide pratique, marche à suivre) ? Par quoi commencer ?
Pour une ONG intéressée par ce sujet, il est primordial d’effectuer un premier diagnostic interne afin d'identifier ce que l’on recherche dans le partenariat (besoins, type de partenariat recherché), ce que l’on apporte au partenaire et les modalités de développement de cette dynamique partenariale (ressources allouées en interne au développement de ces partenariats et plan d’action et de communication). Ensuite, la phase de prospection et de recherche de partenaires peut démarrer.
A propos
La Cité de la Solidarité Internationale (CSI) à Annemasse fédère et anime un réseau transfrontalier franco-suisse d’acteurs de la coopération internationale et de la sensibilisation au développement durable tels que les ONG, les entreprises, les collectivités (territoriales) et les universités, regroupés autour du Grand Genève et s’étendant plus largement en Suisse romande et en France.