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23.04.2020

De Kinshasa à Lausanne : deux réalités, un seul virus

En Suisse, grâce au confinement partiel de la population et à la qualité du travail du personnel soignant, le pic de l’épidémie semble avoir été atteint en évitant la surcharge de nos hôpitaux. En conséquence, certaines dates clés pour le déconfinement ont été fixées par le gouvernement dans la perspective d’un lent retour à la normale. Si la richesse de notre pays nous permet de surmonter cette crise, qu’en est-il des populations vivant dans les régions défavorisées du monde ? L’impact social et économique de la pandémie est difficile à évaluer, mais l’on sait d’ores et déjà qu’il sera grave, voire dramatique.

Contrairement à notre situation, certains pays en développement se demandent encore comment ils vont affronter cette crise sanitaire, à l’instar de la ville de Kinshasa, capitale d’un pays où 90% de la population dépend de l’économie dite informelle. Cet ensemble d’activités échappant à la régulation de l’État ne permet pas aux travailleurs·euses de bénéficier de protection sociale. La plupart de ces personnes n’ont aucune épargne pour faire face à l’urgence et dépendent entièrement de cette économie de foule, de mobilité humaine et de proximité sociale, propice à une large transmission du virus. Dans ce contexte, les mesures barrières utilisées pour lutter contre la pandémie condamnent ce secteur, et avec lui toutes les personnes qui en dépendent au jour le jour. Cette réalité dans les pays en développement a une importance capitale pour le reste du monde, car tout comme la globalisation, le virus abolit les frontières et ce qui est dangereux là-bas, le devient ici.

Toutes et tous dans le même bateau

En Suisse, nous avons été témoins de l’émergence de nombreuses actions de solidarité, en faveur des équipes médicales, des personnes à risque, et des commerces indépendants. Cet élan d’entraide nationale est poignant, mais il est nécessaire d’avoir une vision plus large : s’il y a bel et bien une prise de conscience que ce virus nous aura imposée, c’est l’interdépendance des pays et des populations composant le monde globalisé d’aujourd’hui. Nous n’ignorerons plus les conséquences sanitaires et économiques d’une flambée d’épidémie à l’autre bout du monde. En d’autres termes, nous réalisons que nous sommes tous et toutes dans le même bateau. Le manque cruel de moyens des systèmes de santé dans les pays africains, comme à Conakry où il n’existe que 50 lits équipés de respirateurs pour 2 millions d’habitants, devient donc un problème global. En effet, si la communauté humaine ne tire pas de leçon de cette épidémie en fortifiant les systèmes de santé des pays le nécessitant, ils resteront vulnérables à de prochaines épidémies telles que celle que nous vivons.

La solidarité, une assurance survie

La proximité mondiale qu’apporte la globalisation rend donc l’humanité de plus en plus interdépendante, et sujette aux effets papillon. Si on se réfère aux chiffres donnés par l’OMS, nous vivons en terrain instable. Une personne sur deux n’a pas un accès suffisant aux soins de base, une sur huit habite dans des bidonvilles et 700 millions de personnes n’ont pas un accès suffisant à l’eau potable. Dès lors, la solidarité et l’égalité internationales deviennent notre assurance survie. Il est temps d’offrir des conditions de vie dignes de ce nom à chaque habitant de notre planète.

Pour vous rendre compte de la situation liée au coronavirus dans les pays en développement, nous vous proposons un tour d’horizon du travail de certaines de nos organisations membres, réparties dans le monde entier à travers une page spéciale sur notre site internet.