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09.09.2019

Le Conseil d’État vaudois répond à Berne : la coopération au développement, au niveau cantonal, a de beaux jours devant elle !

Ce printemps, le Conseil fédéral a présenté sa politique de coopération internationale (CI) pour les années 2021-2024 et consulté ses partenaires, avec un délai à la fin de l’été. Coïncidence de calendrier, le Conseil d’État vaudois s’est exprimé à ce sujet le même jour que la Fedevaco. Et de toute évidence, nous partageons avec l’exécutif cantonal la vision de la place et de la forme que doit prendre la coopération au développement dans les années à venir.

Le 2 mai passé, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) et le Département fédérale de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR) annonçaient la publication de leur rapport explicatif sur la stratégie de la CI suisse pour les années 2021-2024. Se voulant inclusif, Ignazo Cassis et Guy Parmelin ont ouvert une période de consultation de ce texte à tous les acteurs et partenaires suisses liés à la politique de CI. Rapidement, de nombreuses ONG ont réagi de manière plus ou moins critique envers l’orientation stratégique annoncée par la Confédération. Saisissant cette opportunité de dialogue, le Conseil d’État vaudois et la Fedevaco ont également répondu à l’appel.

Des critiques communes

Ainsi, le 21 août dernier, après avoir consulté ses organisations membres, la Fedevaco envoyait sa prise de position. Souhaitant aller droit au but, nous annoncions d’emblée notre regret quant à l’écart encore davantage creusé entre les engagements pris par la Suisse et sa politique en matière coopération au développement. Le même jour, le Conseil d’État vaudois s’exprimait également sur sa vision de la CI. Si le corps de la lettre semble succinct, le contenu est quant à lui très encourageant pour les tenants d’une solidarité internationale renforcée.

Le Conseil d’État s’inquiète cependant que la CI doive toujours plus promouvoir les intérêts de la Suisse en matière migratoire, économique et sécuritaire

En quelques paragraphes, le Conseil d’État vaudois pointe du doigt plusieurs problèmes. L’une de ces critiques s’attaque à la tendance actuelle de la Confédération à promouvoir les intérêts de la Suisse via sa politique de CI. Favorisés, les enjeux liés à une croissance économique durable, à la lutte contre les effets du réchauffement climatique et aux causes diverses de la migration, relèguent la lutte contre la pauvreté au second plan, ce qui gêne le Conseil d’État vaudois. Cette nouvelle donne n’a pas manqué de nous faire également réagir. En effet, « depuis 2015, l’Agenda 2030 engage la Suisse sur un principe fondamental qui est que personne dans le monde ne doit être exclu : ‘leave no one behind’. La CI de la Suisse doit en conséquence continuer à mettre en œuvre des mesures luttant contre la pauvreté et les inégalités » explique Alexandre Cavin, secrétaire général de la Fedevaco.

Un engagement financier non-respecté

Soulignons encore ce rappel du Conseil d’État vaudois quant à la hauteur des engagements pris par la Confédération. En effet, avec l’Agenda 2030, et plus anciennement en 1970 aux Nations unies, la Suisse s’est engagée aux côtés des nombreux autres pays signataires à octroyer 0.7% de son revenu national brut (RNB) à la CI. Or, sur ce plan, elle régresse ! Si en 2017, le financement helvétique n’était que de 0.46% de son RNB, en 2018, il diminuait à 0.44% de son RNB. Des chiffres inquiétants, qui de surcroît incluent injustement les coûts d’hébergement et d’assistance des requérants d’asile, comme le relève également la Fedevaco.

Affaire à suivre…

La période de consultation touche à sa fin et les différentes positions reçue par le Département fédéral (250 au total) ont été publiées dans un document unique disponible en ligne. Quant à la suite des événements, la balle est dorénavant dans le camp du Conseil national qui devra se prononcer sur la proposition finale du DFAE. Une décision qui surviendra dans le courant du printemps de l’année prochaine par un Parlement fraichement renouvelé. Pour l’instant, nous pouvons déjà nous réjouir de la réponse du Conseil d’État vaudois qui par cette lettre, s’allie au Grand Conseil vaudois qui plébiscitait davantage de fonds en faveur de la coopération au développement en avril passé