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11.04.2019

Le Grand Conseil plébiscite la coopération au développement !

Ce mardi 9 avril, le Grand Conseil s’est penché sur l’avenir des contributions vaudoises à l’aide au développement, et l’issue du débat est réjouissante ! Une majorité d’élu-es ont exprimé leur volonté d’augmenter les aides financières cantonales aux ONG de développement vaudoises. Une décision de bon augure pour les projets de nos organisations membres.

Tout commence à la veille de Noël dernier, lorsqu’une quarantaine d’élu-es vaudois-es, sous l’égide de Martine Meldem, signe et dépose un postulat au titre sans ambiguïté pour la cause qu’il plaide : « aider davantage des gens du Sud – une responsabilité ». En bref, ils « demandent au Conseil d’Etat d’examiner la manière d’augmenter les aides accordées aux projets menés par les organisations ancrées dans le canton. La création d’un fonds qui accorde des contributions annuelles tout comme la hausse des montants ordinaires peuvent être envisagées. Dans l’esprit de développement durable, il s’agit de contribuer à un monde, où chacune et chacun a des perspectives d’avenir chez soi ».

La Commission thématique des affaires extérieures a été chargée de l’analyse de ce postulat, et lui a tout d’abord infligé un revers d’importance : elle a jugé que la priorité était d’établir un état des lieux des aides aux projets des ONG établies dans le canton. La majorité de la Commission a donc proposé au Grand Conseil de ne suivre que partiellement le postulat, et d’accepter l’amendement proposé.

Un retournement de situation inattendu au Grand Conseil

Suivant la procédure et en guise d’ouverture du débat, le député Vert Etienne Räss, président de la Commission, expose à la tribune les arguments et la conclusion du rapport qui ont rassemblé la majorité des voix au sein de la Commission. La réaction dans la salle est une véritable surprise : sur 14 interventions, 12 représentants de tous bords politiques rejettent le rapport de majorité, et plébiscitent le postulat sous sa forme originelle. « Aider les gens du Sud, ce n’est pas une responsabilité, mais une évidence ! » s’exclame Jean-Luc Chollet, député UDC, qui y voit une manière de limiter l’immigration. En accord avec cette vision, Jérôme Christen, député de Vaud Libre, rappelle également l’obligation légale du canton de contribuer à l’aide au développement (article 71 de la Constitution vaudoise) et invite les collectivités publiques à montrer l’exemple et ainsi, créer un « effet boule de neige » pour stimuler les communes, voire la Confédération, à s’engager davantage dans ce domaine. En effet, à la lumière des recommandations de l’ONU, la Suisse reste encore bien au-dessous du seuil minimum de 0.7% de son revenu national brut versé à l’aide publique au développement. Au niveau fédéral, le ratio (comprenant les coûts de l’immigration) est de 0.44% en 2018. Au niveau vaudois, le ratio n’est que de 0.004% en 2017 (les chiffres de 2018 ne sont pas encore connus).

Préserver une forêt sur un autre continent est important pour nous aussi : nous respirons tous le même oxygène.

Ce sursaut en faveur de la coopération au développement ne sort pas de nulle part : l’engagement fédéral est en perte de vitesse depuis des années, une tendance malheureusement de plus en plus prononcée, comme le confirme un communiqué fédéral du 10 avril 2019. En écho à cet état de fait, Hadrien Buclin, député de Solidarités, prend la parole : « Entre 2015 et 2017, l’aide au développement de la Confédération a été diminuée de 350 millions de francs. On n’est pas dans du ‘toujours plus’, mais dans du ‘toujours moins’, alors que la croissance économique suisse a été extrêmement dynamique ces dernières années ». Dans son sillage, Olivier Gfeller, député socialiste, souhaite voir cette bonne santé financière rayonner dans le monde. D’ailleurs, au-delà de l’endiguement de l’immigration, l’enjeu de réciprocité écologique est évident : « préserver une forêt sur un autre continent est important pour nous aussi : nous respirons tous le même oxygène », termine M. Gfeller.

La Fedevaco reconnue pour la qualité de son travail

Pour revenir à l’échelle vaudoise, notons que plusieurs député-es ont relevé l’utilité et l’expertise professionnelle fournie par la Fedevaco. Comme par exemple Maurice Mischler, député Verts, qui souligne que la collaboration entre communes et la Fedevaco est utile car elle permet aux communes de se décharger du souci quant au sérieux de certaines demandes d’aide au développement : « Avec la Fedevaco, on est très bien renseigné, et on a un certain nombre de projets sur lesquels on peut se décider. […]. Chaque année on reçoit des comptes rendus extrêmement précis d’où va notre argent ». Une position réaffirmée par M. Buclin qui proteste contre la demande d’état des lieux de l’amendement, étant donné que la Fedevaco offre déjà « un suivi très étroit » des montants alloués par chaque département cantonal.

Le président du Conseil a finalement clos le débat et appellé les élu-es à voter. Le suspens n’aura pas duré plus longtemps. Le soutien du Parlement en faveur du postulat est sans appel : 74 voix contre 39 approuvent le rapport de minorité. Une décision non moins historique qu’exceptionnelle pour tous les acteurs vaudois de la coopération au développement, qui peuvent dorénavant compter sur un soutien politique fort du côté du législatif cantonal. Toutefois, un postulat n’ayant pas force obligatoire, il revient maintenant au Conseil d’Etat de s’exprimer à son sujet. Même s’il s’agit d’une voix parmi 7, le Conseiller d’Etat Pierre-Yves Maillard est acquis à la cause. En effet, s’adressant aux parlementaires avant le vote, il a avoué que « la seule question qui se pose à vous est : voulez-vous donner le signal [au Conseil d’Etat] que l’on peut en faire un peu plus ? A titre personnel, et vu que c’est l’une de mes dernières interventions devant vous, je pense qu’à cette question l’on peut répondre très simplement : oui ! ».

Vous souhaitez voir le débat en entier ? Rendez-vous ici. Les discussions concernant le postulat de Martine Meldem commencent 2h après le début de la vidéo.