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Quelle combinaison pour entrer dans le donut?

Lors de sa conférence annuelle du 13 juin 2024, la Fedevaco a mis en place un jeu pour proposer aux participant·e·s de réfléchir aux interdépendances systémiques entre environnement, social, local et global. En groupe, les personnes étaient invitées à choisir, pour chaque question posée, deux réponses qui selon elles permettent de respecter à la fois les limites environnementales et le socle social du Donut de l'économiste Kate Raworth. Découvrez ci-dessous les questions posées et les options proposées, ainsi que les éléments factuels permettant de réfléchir à l'impact de chaque réponse.

Découvrir les résultats des groupes


Les questions

L'Agenda 2030, et après?

Q A. Nous avançons de quelques années pour arriver en 2028. Vous travaillez pour le département cantonal de l’environnement et devez commencer à réfléchir à ce qui succèdera à l’Agenda 2030 du Canton. Comme la démarche au niveau mondial semble très compromise par la polarisation entre différents groupes de pays, il a été décidé d’aller de l’avant sur les réflexions à l’échelon local. Vous aimeriez orienter ce nouveau document de référence de la manière suivante :

Option A1

A1. Comme les défis climatiques restent très importants et que de nombreux objectifs ne sont pas atteints en la matière, vous déterminez qu’il est nécessaire de se concentrer sur les questions environnementales, de réduire l’empreinte carbone du Canton et de permettre à ses habitant·e·s d’envisager le futur sereinement dans un environnement sain. Ce plan doit prévoir des mesures climatiques fortes à l’échelle du territoire cantonal uniquement.

Ressources

  • Les populations les plus défavorisées sont souvent les plus exposées aux effets des changements climatiques, car elles ont moins de ressources pour faire face aux multiples conséquences du dérèglement climatique, telles que la perte de moyens de subsistance, l’insécurité alimentaire ou l’augmentation de certaines maladies. Ces inégalités risquent d’être exacerbées par les difficultés à faire face aux adaptations nécessaires dans le cadre des politiques publiques. Or, les  programmes tels que les plans climats ne prennent de loin pas encore tous en compte les questions sociales.

Option A2

A2. Pour être efficace, vous estimez que ce nouveau programme cantonal devrait avoir une vision globale et plus large et contribuer à ce que chaque personne ait les moyens d’être actrice du changement et de faire un pas en direction d’un mode de vie plus durable. Vous décidez donc de donner une place plus importante pour le soutien à des projets de coopération internationale.

Ressources

Option A3

A3. A vos yeux, ce nouveau plan devra prendre en compte les aspects sociaux, les besoins fondamentaux et les questions d’égalités. Pour être cohérent, un tel programme cantonal devra englober des politiques sociales et écologiques, afin qu’un mode de vie et de consommation plus durable soit accessible à tous·tes et que les politiques climatiques ne renforcent pas les inégalités existantes sur le territoire vaudois. Vous renforcez donc la tendance déjà présente dans l’Agenda 2030 vaudois.

Ressources

Option A4

A4. La Suisse, et plus particulièrement le Canton de Vaud, font déjà leur part pour le Climat et ont déjà fortement réduit leur empreinte. D’ailleurs lorsqu’on regarde l’empreinte carbone par pays, des efforts supplémentaires de la part de la Suisse auraient de toute façon un impact négligeable, en comparaison avec d’autres économies. Vous estimez donc que le Canton doit contribuer à la réduction des gaz à effet de serre dans d’autres pays, où le coût est moindre, via le marché des crédits carbone.

Ressources

  • Il est important, si on regarde l’empreinte carbone de la Suisse, de ne pas se pencher uniquement sur nos émissions en Suisse, car la majorité est émise à l’étranger et provient des importations. Cet impact explose d’autant plus si l’on prend en compte la place financière suisse et ses investissements.
  • Notre organisation membre Public Eye dénonce grâce à un travail d’enquête, de plaidoyer et de campagne, les injustices qui trouvent leur origine en Suisse. Découvrez ses enquêtes.

 

Justice sociale dans les plans climat

Q B. Vous êtes le responsable durabilité / plan climat d’une commune vaudoise et êtes attentif·ve à la dimension sociale de vos politiques pour éviter que les mesures climatiques accroissent les inégalités. Vous proposez des mesures pour que votre plan Climat profite à l’ensemble de la population :

Option B1

B1. Vous reconnaissez la responsabilité historique de votre commune/territoire dans le changement climatique, vous investissez dans des projets sociaux et durables à l’international. Ces mesures font pleinement partie du Plan Climat et de son budget. Cette année, vous soutenez un projet qui contribue à l’autonomisation des femmes par le biais de l’agroécologie. Vous contribuez ainsi à l’adaptation au changement climatique dans les régions les plus affectées. 

Ressources

Option B2

B2. Vous décidez de mesures spéciales et renforcées pour les quartiers plus vulnérables face au changement climatique. Les quartiers densément peuplés composés de logements vétustes et peu adaptés sont plus exposés à la pollution de l’air, aux canicules et à la précarité énergétique. D’autres quartiers, notamment ruraux et périurbains, sont encore très dépendants de la voiture individuelle.

Vous optez pour la mise en place de mesures adaptées à ces différentes réalités. Par exemple, en fonction des besoins identifiés, par la mise en place de systèmes de transports publics, l’identification des ménages en précarité énergétiques, le développement de réseaux de chaleur, ou encore l’adoption de mesures pour contrer les îlots de chaleurs.

Ressources

Option B3

B3. Vous décidez d’inclure des mesures « sociales » dans votre plan climat pour favoriser l’égalité et l’inclusivité. Vous mettez ainsi en place un centre dédié à la mise en œuvre de programmes de réinsertion professionnelle et de réintégration sociale à vocation écologique, ou qui s’inscrivent dans des secteurs tels que l’économie circulaire et les filières courtes. Vous orientez et soutenez ainsi les personnes précarisées ou en recherche d’emploi, en partenariat avec des entreprises et des centres de formations, vers des reconversions professionnelles.

Ressources

  • Le Canton de Genève met en place des mesures de ce type dans son plan climat, à voir notamment les mesures 7.6. et 7.7.

Option B4

B4. Vous développez des zones végétalisées au cœur de la ville, pour favoriser la biodiversité et le bien-être de la population. Ces zones offrent des espaces ombragés en ville et permettent de rafraîchir l’atmosphère urbaine grâce aux îlots de fraîcheur. En outre, vous prévoyez des subventions pour les propriétaires qui souhaitent végétaliser leur toit. Cela permet d’augmenter la surface végétalisée et d’avoir une meilleure gestion de la température en Ville.

Ressources

  • L’indice de canopée (pourcentage de la superficie occupée par la couverture procurée par la cime des arbres) permet de faire la température urbaine de plusieurs degrés. Pour en savoir plus, voir la stratégie de végétalisation de la Ville d’Yverdon-les-Bains.

 

Bilan carbone

Q C. Vous êtes municipal·e dans une commune vaudoise et souhaitez atteindre l’objectif de 0 émission nette à l’horizon 2050. Pour cela, vous bénéficiez d’un crédit de 10 millions de francs et avez commencé par dresser un bilan carbone des émissions de gaz à effet de serre (GES) de votre commune sur son territoire et en dehors. En 2050, la Commune continuera à émettre encore plusieurs dizaines de milliers de tonnes de CO2, malgré une baisse drastique de près de 90% des émissions. Diverses solutions s’offrent à vous :

Option C1

C1. Vous utilisez le mécanisme de la compensation carbone et investissez le budget dans des projets de compensation certifiés dans d’autres pays pour faire baisser votre propre bilan carbone. Cela vous permet de faire baisser drastiquement ce dernier, avec un rapport coût-bénéfice très intéressant. Ainsi, la commune investit dans un projet de conservation au Kenya, qui vise à prévenir la déforestation. Non seulement votre bilan est à zéro, mais vous contribuez aussi à la conservation de la nature.

Ressources

  • Les projets de compensation de carbone peuvent dans certains cas poser des problèmes. On peut notamment citer le fait que, dans le cas des projets de limitant la déforestation, ou dans certain projet de reboisement, un il y a un risque en cas d’incendie, que le carbone capturé reparte dans l’atmosphère. En outre, dans certains cas, ils peuvent avoir de graves conséquences en matière d’accaparement des terres et de respect des droits humains.

Option C2

C2. Vous décidez de mesures spéciales et renforcées pour les quartiers plus vulnérables face au changement climatique. Les quartiers densément peuplés composés de logements vétustes et peu adaptés sont plus exposés à la pollution de l’air, aux canicules et à la précarité énergétique. Vous optez pour le développement d’un système de transports publics dans les zones périurbaines et rurales d’un système de réseau de chaleur pour contrer les îlots de chaleurs et l’accès à une alimentation durable et de qualité.

Ressources

  • Régulièrement, notre organisation membre Solidar mène un rating des communes en matière d’achats durables et de solidarité internationale. En dépensant chaque année 16 milliards de francs à l’étranger pour des biens et des services (sur les 41 milliards cumulés par la Confédérations, Cantons et Communes), elles sont un acteur important et peuvent peser sur les chaînes de production mondiales.
  • Achats publics : outils et informations.

Option C3

C3. Vous vous concentrez sur les émissions intra-muros, où vous avez une réelle influence, en privilégiant des transports publics bas carbone et en investissant dans la rénovation des bâtiments publics et l’appui à la rénovation du parc privé. Mais ceci ne suffit pas pour arriver à zéro émission. Vous décidez que votre commune va contribuer chaque année à soutenir des projets de coopération dans les pays les plus touchés par le réchauffement climatique. Elle appuie des projets qui contribuent à réduire les inégalités et favoriser l’adaptation.

Ressources

Option C4

C4. Vous favorisez la capture de GES sur votre territoire communal, en aménageant des zones vertes et en préservant les forêts, les lacs et les sols aux alentours de la commune. Vous travaillez également avec les agriculteurs et agricultrices sur votre territoire en soutenant des initiatives en matière d’agriculture de conservation, de plantage de haies vives, d’agroforesterie. Comme ce captage « naturel » ne suffit pas à absorber le surplus de GES, vous proposez que votre commune investisse dans des technologies de captage du carbone en Europe.

Ressources

  • L’ADEM a développé 4 scénarios en 2050 pour que la France atteigne l’objectif zéro émissions. En fonction de ces scénarios, l’accent est mis sur le stockage naturel du carbone (forêt, sol agricole) ou fait le pari des technologies de capture du carbone dans l’atmosphère, captage qui se traduit par une forte demande en énergie (6% de la consommation d’électricité). Dans le scénario qui met le plus en avant les puits naturels, on parvient à 116 MtCO2eq/an stockés sur territoire français. Le scénario qui compte sur le captage dans l’air ambiant, permettrait de capturer 97 MtCO2eq/an. A noter qu’aujourd’hui cette technologie est encore expérimentale et aucune étude ne permet de savoir s’il sera possible de le mettre en place avec des coûts, un impact et un timing acceptable. 
  • En 4mn, comprendre comment certaines pratiques agricoles permettent de stocker le carbone.

 

Alimentation

Q D. En tant que responsable de la cantine d’un réseau d’écoles, les questions d’alimentation vous préoccupent à plusieurs niveaux. Vous souhaitez nourrir les élèves de manière saine et durable, si possible de manière à ne pas menacer la sécurité alimentaire mondiale. Les solutions proposées sont équivalentes en matière de budget :

Option D1

D1. Vous ne proposez pas de menus avec de la viande rouge, et faites les achats uniquement auprès de producteurs locaux, en privilégiant le bio et en favorisant le contact direct avec les agriculteurs·trices. Ce qui compte, c’est la proximité.

Ressources

  • Dans un régime omnivore, le bio ne permet qu’une réduction de 10 à 20% des GES. L’origine du produit a également un impact assez limité, car les émissions liées au transport ne représentent qu’une faible fraction de l’empreinte carbone des aliments. Par exemple, pour la viande de bœuf, le transport correspond à 1% des émissions générées. Une alimentation végétarienne ou végane permet une réduction de 47 à 70%. En d’autres termes, le type d’aliments consommé a plus d’influence que la provenance.

Option D2

D2. Vous achetez principalement des produits labellisés « commerce équitable ». Ce qui vous importe, c’est de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des petit·e·s producteurs·trices dans les pays du Sud global. Vous profitez de faire de la sensibilisation auprès des élèves sur l’importance des conditions de production des aliments.

Ressources

Option D3

D3. Vous ne proposez que des menus végétariens, et faites des recettes variées avec des produits venant de loin car vous avez à cœur de faire découvrir la culture gastronomique mondiale aux élèves.

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Option D4

D4. Vous proposez des repas équilibrés et sains répondant au label de la Fourchette Verte, avec des produits variés. Vous avez à cœur de mettre en place une politique de zéro déchet. D’ailleurs, les déchets verts sont utilisés comme compost dans le potager tenu par les élèves ! 

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