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02.09.2019

[6/9] Les diasporas, acteurs-clefs de la coopération au développement

Les diasporas établies dans le canton de Vaud sont des partenaires incontournables du développement, que ce soit dans leur pays d’origine ou en Suisse, grâce à la diversité de leur savoir-faire acquis entre ici et là-bas. Du Pérou au Burkina Faso, découvrez deux profils d’acteurs de la coopération au développement issus de la diaspora.

Leur parcours migratoire a nourri des idées nouvelles et une réflexion plus globale sur leur région d’origine. Des histoires de vie qui rendent les diasporas à même de jouer ce précieux rôle de passerelle entre pays d’origine et pays d’accueil. Malgré cet état de fait, les diasporas actives dans le développement peinent encore à se frayer un chemin jusqu’aux ONG ou aux partenaires financiers. C’est pourquoi la Fedevaco apporte, avec le Prix Diaspora et Développement, sa contribution à la reconnaissance du rôle des diasporas. Elle entend ainsi favoriser la création de liens avec notamment ses organisations membres.

Deux profils, deux histoires

Pour ce 5eportrait de partenaires, nous nous sommes intéressés à deux personnalités issues des diasporas et actives en Suisse pour le développement de leur pays d’origine. La première a même été lauréate du Prix Diaspora et Développement en 2016 : Dalila Atalaya Huerta, fondatrice de l’association Ayni Suisse qui vise à appuyer en particulier les femmes de sa communauté du village andin de Poyor au Pérou. Ce soutien se caractérise notamment par des actions de sensibilisation touchant quatre domaines : l’hygiène et l’assainissement, la construction de latrines écologiques à compost, l’installation de jardins, et la formation en agroécologie. 

La deuxième personnalité interviewée est un entrepreneur : Harouna Compaoré. Il met au service dans son pays d’origine, le Burkina Faso, la formation qu’il a suivi en Suisse en agriculture biologique. A cet effet, il a rencontré l’organisation Groupe de soutien des paysannes et paysans d’Afrique (GSPPA), alors membre de la Fedevaco, et ensemble ils ont développé un projet de ferme modèle qui forme les producteurs de son village d’origine, à Kombissiri. 

Comment se démarquer en tant que migrant-e œuvrant pour la solidarité internationale ? 

L’approche d’Harouna Compaoré est de tenir un rôle d’entrepreneur social et solidaire au Burkina Faso : « je joue mon rôle et assume ma responsabilité envers le développement comme chacun devrait le faire individuellement, qu’il soit issu de la diaspora ou non. De par mon parcours et mes formations en Suisse, je me sens utile et peux apporter quelque chose à mon pays d’origine » nous explique-t-il. Véritable maillon central, Harouna Compaoré évolue entre ici et là-bas, et voit son projet décoller : « il n’a pas été facile de monter ce projet encore novateur dans le domaine de la coopération, mais je suis fier du chemin parcouru. Heureusement, les ONGs s'ouvrent à la collaboration avec des entrepreneurs sociale et solidaire, à l’exemple des collaborations que je suis en train de nouer avec le CEAS et Helvetas ».

Dalila Atalaya Huerta a vu l’action de son association prendre de l’ampleur après avoir suivi le cursus du Prix Diaspora & Développement : « Grâce au Prix, nous avons réussi à mobiliser la communauté de Poyor autour de notre projet. Aujourd'hui, les femmes de cette localité se sont regroupées au sein d'une association locale qui leur permet de mener divers projets dans la région ». Notons que le nom de l’association « Ayni » signifie que celle-ci est centrée sur la solidarité et la réciprocité entre humains, mais aussi entre la terre et les humains. Une définition que Dalila Atalaya Huerta nous rappelle lorsque nous lui demandons quelle est sa vision du développement durable.

Une multitude de formules de partenariats pour le développement durable

Réjoui par l’évolution de la coopération au développement relatif à l’Agenda 2030 du développement durable, Harouna Compaoré nous répond que « l’avenir est clairement à la multiplication de projets d’entrepreneuriat social et solidaire. La coopération au développement doit évoluer et il n’y a pas qu’une seule façon de faire. Nos projets sont complémentaires. La confiance accordée à notre projet est très positive et porteuse d’avenir ». Un enthousiasme que ne partage pas entièrement Dalila Atalaya Huerta. Elle rappelle en effet le manque de reconnaissance encore persistant du travail fourni par les associations de la diaspora : « en tout cas, Ayni-Suisse développe des projets qui exigent de véritables compétences, du savoir-faire et de la connaissance du terrain. Pour le travail que nous faisons, il faut de l'engagement et cela dépasse le bénévolat. J'ai l'impression que ce travail est invisible et il me semble qu'il n'est pas pris en compte ». S’il reste toujours du pain sur la planche pour que les associations de diaspora soient considérées à leur juste valeur, celles-ci fraient malgré tout leur chemin, petit-à-petit, vers la reconnaissance de leur statut central d’acteur pour le développement, tant par leurs connaissances du terrain que des formidables réseaux qu’elles représentent.


Notre démarche 

En 2019, la Fedevaco fête ses 30 ans. A cette occasion et en guise de remerciement à nos nombreux partenaires qui ont fait et marqué la vie de la Fedevaco, nous publions 9 portraits personnalisés de partenaires. Par cette mise en valeur originale et humaine, nous souhaitons relever nos points d’ancrages, qui aujourd’hui, nous permettent de regarder vers l’avenir.